RÉPERTOIRE MÉTHODIQUE DÉTAILLÉ DE LA SÉRIE Z. FONDS PRIVÉS

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Z (Cote principale)

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Présentation du contenu

Description :

Belle et longue correspondance de Louise Colet à Laferrière, acteur fétiche de Dumas, amant de Virginie Dejazet, qui avait connu la gloire avec la Dame aux Camélias, concernant son ultime tentative pour monter son drame Une Famille en 1793. [Jadis intitulé Madeleine, Louise Colet l'avait ébauché dès 1845 et écrit en 1847. Mais il fut refusé à la Comédie française en 1848 comme trop «dangereux». Elle réussit cependant à le faire publier en feuilleton dans la Presse, du 10 au 16 septembre 1850. L'histoire de ses démarches auprès de Sainte-Beuve et de Rémusat pour le faire jouer a été retracée par Jean Bonnerot dans la Grande Revue en 1934, Un drame inconnu de Louise Colet. La pièce ne fut finalement jamais montée]. Cette correspondance retrace le parcours de Louise Colet pour tenter une ultime fois de faire représenter son drame au Théâtre du Châtelet. Elle entre en contact avec Laferrière et s'appuie sur lui pour tenter de l'imposer. «Il me semble qu'avec votre esprit d'artiste et votre chaleur d'âme, la lecture de ce drame vous causa quelque émotion. Vous comprendrez tout ce que votre talent pourrait faire de cette figure de Brussant, personnifiant le peuple de la grande révolution, par ses douleurs et son patriotisme. Il me semble que l'heure serait bien choisie pour représenter cet ouvrage. Patronné et joué par vous, quelle objection pourrait faire un directeur de théâtre ? La pièce exigerait très peu de frais de décor et de costumes. Aussi je ne forme qu'un vœu, c'est qu'elle vous agrée. Bien sûr qu'en ce cas vous la ferez triompher. Je lis ce soir dans un journal que vous quittez le théâtre Cluny ; mais comme vous m'avez dit le contraire dimanche, c'est à coup sûr le journal qui se trompe. Du reste, quelque soit le théâtre où vous seriez engagé, mon œuvre vous y suivra ; elle est à vous. Je ne demande qu'à la voir mise en lumière et à voir enfin appréciés par le public mes efforts patients de travail [...]. Par ce que j'écris à ce dernier, vous comprendrez que la réception du drame au Châtelet impliquerait votre engagement. Mlle Duguerret jouerait Madeleine, Paul Deshayes l'amant, Dumaine le père, et vous le mari rôle que vous préférez et que vous avez choisi. J'ai reçu, il y a quelques jours, la réponse du ministre de l'Instruction publique à qui j'avais envoyé, au moment de quitter Paris, le drame d'Une Famille en 1793. Malgré les éloges qu'il donne à cette œuvre, le ministre décline toute intervention pour la faire jouer. Il m'a renvoyé ici le manuscrit ce qui m'a beaucoup contrariée [...]. J'ai espéré un moment pour mon drame ; mais le changement subit de gouvernement me fait comprendre l'impossibilité de vous en occuper. J'arrive d'un voyage à Milan où je viens de faire imprimer la brochure que Dentu n'a pas osé publier en France. Je vais tenter de l'y envoyer, mais je m'attends à une saisie. Je serai établie d'ici à peu de jours à San Remo, jolie ville italienne de la corniche à une lieue d'ici où j'ai loué un appartement pour y installer mes meubles arrivés de Paris [...]».

 

Lettre autographe signée de la femme de lettres Louise Colet au comédien Louis Fortuné Adolphe Laferrière (18 mars 1873).

Cote/Cotes extrêmes

23Z/90 (Cote intellectuelle)

Autres Cotes

1Z/60 (Ancienne cote)

Date

18 mars 1873

Particularité physique

papier

Dimensions

format 1 p. in 16

Origine

Cabinet d'autographes V. Degrange, R. Fromage Lusigny sur Barse (Aube)

Modalités d'entrées

Acquisition 2019 Traces Écrites, Emmanuel de Lorient

Présentation du contenu

18 mars au soir 1873,

pension française à la Condamine Monaco

Cher Monsieur

L'évenement qui m'avait déjà appris un succès à Bruxelles, m'apprend ce soir votre retour à Paris. Je me hâte de vous écrire, quoique vous m'ayez un peu oublié au moment, où bien malade encore, je suis partie de Paris mais si je comprends trop ce qui fait une carrière d'artiste et l'obligation de ménager sa santé pour vous en vouloir de ne pas être venume dire adieu. Le froid était terrible quand j'ai quitté Paris. J'ai trouvé ici le soleil mêlé de bourrasques et de vent et j'ai encore beaucoup souffert durant trois semaines; enfin, je reviens à la vie et je reprends des forces. J'espère une guérison complète d'ici à quelques mois.

J'ai reçu il y a quelques jours la réponse du ministre de l'instruction publique  à qui j'avais envoyé au moment de quitter Paris, le drame d'une famille en 1793. Malgré les éloges qu'il donne à cette oeuvre le ministre décline toute intervention pour la faire jouer. Il m'a renvoyé le manuscrit ce qui m'a beaucoup contrarié. Ainsi que je l'avais dit à monsieur George, je demandais qu'il fut déposé chez mon notaire où vous auriez pu le faire retirer ; mais je le tiens à votre disposition et si vous voyez quelque chance de le faire représenter à la Renaissance, je vous l'expédierai de suite. Il me semble que le fiasco de la femme de feu devrait déterminer monsieur Hostein à signer un engagement avec vous et à représenter une oeuvre vraiment littéraire ? Si vous veniez dans le midi donner des représentations.

J'espère bien que vous n'oublierez pas Monaco. Peut-être pourriez-vous y organiser une ou deux virées fructueuses. Je serai charmée de vous revoir et de vousprouver combien je vous suis dévouée.

Bon souvenir à votre chère fille et à monsieur George et croyez bien cher monsieur, à tous mes bons sentiments.

Louise Colet 

Évaluation, tris et éliminations, sort final

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